Palais du Bey.

  

Après cet affrontement, le palais sert d’hôpital aux troupes françaises, prend le nom d’Hôtel de la division et subit de nombreuses modifications. Il reçoit à cette époque de nombreux hôtes de marque, Horace Vernet, Guy de Maupassant un demi-siècle plus tard. Mac Mahon y tient ses quartiers, il reçoit aussi le duc de Nemours puis le prince Napoléon accompagné de sa femme Clotilde de Savoie en 1861 et le futur roi des Belges, Léopold II, en 1862. Napoléon III y fait étape lorsqu’il visite Constantine en 1865. Il plante, à cette occasion, un cèdre du Liban, toujours visible.


À l’indépendance du pays en 1962 le palais est le lieu de quelques manifestations culturelles, une aile de la demeure sert d’évêché à Monseigneur Scotto. Au début des années 80, une entreprise polonaise est chargée de lui rendre son plan et son allure d’origine. La restauration est considérablement ralentie par le manque de financements, et reprend plus tard sous l’autorité d’un architecte formé à Rome. Le palais s’ouvre au public en 2009, il devient un musée des arts et traditions populaires.

Ce véritable chef-d’œuvre concentre à lui seul tout ce que l’architecture mauresque a pu donner en Algérie durant l’ère ottomane. C’est à la fois dans sa décoration un savant mélange d’art mauresque et de baroque tardif.

Ce qui impressionne le visiteur au premier abord, ce sont les vastes dimensions du palais. Laurent-Charles Féraud en estimait le périmètre à 5609 m² en 1867.

Des galeries enserrent des jardins ainsi qu’un bassin et une cour dallée qui avec les piliers et les parterres de marbre, les carreaux de faïence et les nombreuses fontaines, servent à maintenir une sensation continue de fraîcheur

Les boiseries sont abondantes, on les retrouve dans les 500 volets et portes du palais, dans les plafonds, les rambardes ou les moucharabiehs.

Quant aux colonnes, elles sont une attraction à elles seules, on en compte 247. Elles furent pour certaines importées d’Italie par l’intermédiaire du Génois Schiaffino, en contrepartie de cargaisons de blé, alors que d’autres sont empruntées à des demeures plus anciennes. Leur origine italienne est souvent marquée par le croissant de Lune sculpté sur les chapiteaux, lequel indique leur destination à l’exportation vers les « Régences » barbaresques.




« Figure-toi une délicieuse décoration d’Opéra, tout de marbre blanc et de peintures de couleurs les plus vives, d’un goût charmant, des eaux coulant de fontaines ombragées d’orangers, de myrtes, etc., enfin un rêve des Mille et Une Nuits. »


C’est ainsi que s’exprime Horace Vernet dans sa correspondance après sa visite au palais de Hadj Ahmed Bey, à suite de la prise de Constantine en 1837. La demeure restée longtemps fermée s’ouvre désormais au public comme l’expression d’une des merveilles de l’architecture mauresque.


Illustrations des fresques

Horace Vernet décrit le palais comme disposant d’« une délicieuse décoration d’opéra, tout de marbre blanc et de peintures de couleurs les plus vives, d’un goût charmant ». Cette décoration transparaît des pans de rideaux peints entre les arcades. Ils laissent entrevoir les jardins ou les fresques comme si une scène se découvrait au regard des visiteurs. Plus rarement, on trouve des représentations animalières comme une chèvre ou deux lions dont les contours enserrent des inscriptions calligraphiées.

Pour Théophile Gautier, ces lions « représentent quelque chef-d’œuvre d’écriture, dans lequel les noms des quatre apôtres musulmans, entrelacés […] forment une figure de lion », symbole de force.




Plan du Palais du Bey.